Ludivine
Piquer un sprint, le cœur tranché en deux
Je n’ai jamais su si je voulais avoir des enfants. Cela me paraissait effrayant.
Aussi, j’ai été très surprise de m’entendre dire, il y a six ans : « Si un bébé veut venir, je suis prête à l’accueillir. » C’était après la mort de ma mère, que j’avais accompagnée à travers un cancer. Puisque j’étais complètement lessivée, j’ai mis cette réplique sur le compte de la fatigue et je n’y ai plus pensé.
Peu de temps après, mon père est mort à son tour, de façon subite. On aurait dit une mauvaise blague… D’autant plus qu’entretemps, un enfant avait fait son nid dans mon ventre. Comme s’il avait entendu mon appel! Deux disparus, une naissance : presque un match nul, que je me disais. Sauf que le fœtus avait le fémur court, et que les premiers tests annonçaient une chance sur 110 de trisomie 21. Je ne savais pas quoi faire. Alors, le jour où je l’ai appris, je suis allée au premier cours de biodanza auquel j’étais inscrite. La facilitatrice a dit : laissez-vous aller, marchez dans l’espace. J’ai suivi les instructions. J’ai eu une espèce de déclic au cœur. Je me suis mise à courir.
J’éprouvais une grande joie. À ce moment-là, je me suis dit : peu importe ce qui va arriver, tout sera parfait.
Ludivine est née le 21 février 2015. Elle est mon phare.
Véronic, mère de Ludivine
Notice biographique
Ludivine, quatre ans, aime dessiner, jouer dehors, cuisiner des crêpes et aider les autres : elle nourrissait déjà sa cadette avec des bouts de toasts quand celle-ci poussait dans le ventre de sa mère.